nobody wants to be lonely || ayden

Le vent caresse le tissu fleuri recouvrant tes bras en cet après-midi d’octobre ; le week-end ravit l’humeur des habitants de Revelstoke, d’ordinaire attelés à leurs occupations scolaires ou professionnelles. En temps normal, l’idée de sortir prendre l’air en semaine ou durant les heures de cours ne t’aurait aucunement dérangé au vu de l’implication que tu fournis dans le domaine scolaire ; néanmoins, l’élève que tu as décidé d’inviter à ce pique-nique paraît particulièrement sérieux et davantage structuré ; et pour obtenir son approbation certaine, tu as fait l’effort de sacrifier du réel temps libre pour la consacrer à d’autres occupations que de griffonner avec ton stylet sur une tablette graphique.

Tu lui as donné rendez-vous à l’aire de pique-nique au pied d’un arbre reconnaissable – a priori –, lui ayant indiqué qu’il serait préférable d’amener également des aliments à consommer ; tu as toi-même concocté de petits mets pour partager un bon moment – car tu as décidé de te rapprocher de lui, de devenir son ami pour l’aider à mieux affronter la période du lycée. Ayden ne figure guère parmi les élèves sorciers, alors il faut se faire preuve de subtilité pour qu’il bénéficie des avantages de ton pouvoir secret. Briser la glace avec des sorties entre amis, et ton contact lui permettra de s’ouvrir naturellement, tel une fleur à l’approche du printemps, lorsque le soleil transperce l’hiver glacial à laquelle elle a fait face. Ayden mérite le bonheur, au même titre que les autres, et tu seras là, tel un vétéran dans tes mangas shonen, pour lui offrir une partie de la clé.

Ton regard se perd et détaille la foule afin de repérer une chevelure verdâtre familière, espérant que ta chemise orange à fleur ainsi que ton bandana assorti lui permettraient de te retrouver plus aisément. Au bout d’un certain moment, tu parviens à percevoir un visage connu et sans plus attendre, tu agites vivement ta main en affichant un grand sourire.

— Hey ! Ayden ! Ayden ! Je suis là ! t'exclames-tu plein d'entrain.

Tu te rapproches de lui d’un pas assuré pour te positionner en face de lui, relativement proche.

— Je suis trop content que tu sois venu ! On va profiter des derniers rayons du soleil de l’année vu qu’il commence à faire un peu frisquet. Tu viens souvent par ici ? commences-tu afin d'initier la conversation.

Tu te places ensuite à ses côtés pour te mettre à sa hauteur afin de ne guère lui cacher la vue de l’aire ; ta main vient tapoter gentiment son épaule avant de le pousser légèrement, tandis que ton autre main vient pointer le gigantesque espace, pour lui indiquer de te suivre dans ton élan.

— Tu viens ? Une petite pause. Tu veux t’installer par où ? Moi ça m’est égal donc je te laisse choisir ! Si tu préfères le gazon, l’ombre, les tables ou les bancs… Ah ! J’espère que t’as faim parce que j’ai amené plein de trucs ! poursuis-tu, très motivé.

Et tu recommences à marcher.

---

Tu le sens, dans le fond, qu’Ayden n’est peut-être pas tout à fait à l’aise ; tu le sens tout au fond de ton cœur qu’il s’est peut-être un petit peu forcé à venir à ta sympathique invitation. Sa gêne dégouline de ses pores malgré son rictus. L’allure qu’il dégage a toujours eu ce petit quelque chose de réservé, l’expression de son visage ce petit quelque chose de timide. Tu le sais, tu le ressens. Et lorsqu’il mentionne sa crainte de prendre une décision qui ne te conviendrait guère, tu étouffes cette exclamation naturelle qui se veut indulgente, cette envie de le détendre et de l’inciter à bomber davantage son torse – car il indique aussitôt avoir apporté lui aussi de bons aliments.

— Sérieux ?! C’est trop bien ! T’as amené quoi ? Petite pause avant de te reprendre. En fait non, tu me montreras après, c’est mieux ! Dans ce cas direction les tables ! t'écris-tu en menant la marche.

Tes pieds te guident gentiment vers la table vide la plus proche, t’écrasant brutalement sur l’une des chaises en bois disposées ; ton regard parme se plante dans celui d’Ayden afin de l’inviter à faire de même, accompagné d’un sourire chaleureux. Tu déposes gentiment ton sac à dos Marvel sur la table, libérant certains en-cas emballés pour les poser sur le support en bois avec vivacité, ainsi qu’une paire de canette de coca-cola vanille, un petit pot contenant une sauce verte et un paquet de Doritos. Tes doigts retirent l’emballage de certains de tes plats, dévoilant quelques sandwichs classiques au beurre et au jambon ainsi que quelques Empanadas.

— Bon ! Du coup j’ai amené ça ! Ca, ce sont des Doritos, je ne sais pas si tu en as déjà mangé mais chez nous, on mange ça avec du guacamole – t’inquiète il est bien fait j’ai demandé de l’aide. Et les sandwichs… bah ils sont classiques dans le cas où t’as besoin d’un truc familier. Et ! Et le meilleur pour la fin : les Empanadas ! C’est le seul truc que je sais cuisiner et c’est latin ! Pour faire simple, ce sont des chaussons avec des restes de viandes à l’intérieur, et c’est super bon tu vas voir ! expliquant tout en promenant ton doigt sur chaque des aliments à titre indicatif.

Tu t’empares aussitôt d’un Empanadas de tes fins doigts avant de poser ton coude sur la table, dans une tentative de mettre Ayden à l’aise ; tu lui adresses ce regard bienveillant qui cherche à diminuer cette allure imposante que tu pourrais éventuellement dégager – car tout le monde sait que tu n’as rien d’imposant. Et doucement, tu actives ton Ataraxie qui, tu l’espères, saura apaiser petit à petit son anxiété – sur le court ou à long terme. Le contact visuel est essentiel, t’a-t-on dit.

— Sers-toi seulement, hein ! Mon estomac a ses limites donc culpabilise pas de prendre ce que tu veux. Même le coca : il est à la vanille du coup c’est encore meilleur haha ! t'exclames-tu en lui indiquant vigoureusement la deuxième canette.

Léger ricanement, jamais réellement forcé tant cette bonne humeur t’est naturel ; tout comme l’idée d’entamer la conversation.

— Sinon toi, comment ça va ? Genre les cours ? Pas trop de problème, genre, en maths ou en cours de potion- Tes yeux s’écarquillent, réalisant ta bêtise. Euh ! je veux dire... de chimie ! Désolé j’ai trop regardé Harry Potter… soupires-tu, sentant ton coeur s'accélérer.

Nouveau ricanement, légèrement plus nerveux cette fois-ci.

---