[solo fb] v e r k l e m p t

Ça faisait quelques semaines déjà que ça c’était passé, quelques semaines qu’elle s’était éteinte parce qu’elle avait décidé par elle-même d’arriver à ce point de non retour. Et que toi en rentrant tu l’avais découverte là. Ça t’avais tout de même retourné l’estomac, de la voir comme ça, son regard vide. Le coeur qui battait à tout rompre. Si fort. Tu le sentais cogner dans tes tempes et ça tournait au moindre pas que tu faisais.
Et ce sentiment qui te rongeait les tripes ne voulait pas partir. Il restait là, bien installé en toi. Le dissocier de toi aurait été bien trop compliqué, il s’était profondément ancré en toi. Même en essayant tant bien que mal de t’en séparer, il restait là et refusait de se détacher. Mais ce sentiment là, celui qui te faisait mal, qui te serrait le coeur et la gorge si fort à chaque fois, il avait laissé une marque indélébile juste là. Comment voulais-tu faire pour t’en détacher ?
Ça faisait déjà quelques semaines qu’elle était partie et pourtant, tu avais l’impression que sa présence hantait encore les lieux. Tu détestais te retrouver seule à la maison. Pourtant ma chère Calista, tu savais qu’elle n’était plus là, qu’il n’y avait plus qu’elle et toi quand ton père n’était pas là. Seulement toi. Toi et toi seule.
Que craignais-tu ?

Pourtant tu avais l’impression de sentir sa présence derrière toi, son poids sur tes épaules.
Son odeur partout où tu allais dans la maison. Son rire et sa voix criarde qui résonnaient entre les murs, dans les couloirs. Le bruit de la bouteille de verre qui se posait sur la table une fois vidée. Elle était là. Elle était surtout dans ta tête, pas ailleurs dans cette maison, tu l’avais vue pourtant. Tu le savais, mais ton esprit totalement retourné et détraqué en avait décidé autrement.
Parfois tu avais l’impression de la voir en te retournant dans les couloirs, dans la cuisine à se pencher encore une fois sur ce maudit placard où elle empilait ses bouteilles vides. Et c’est les moments où tu commençais à faire ces crises de paniques interminables.
Mais là, elle avait l’air si vraie. A te regarder, te juger comme à son habitude. Et ça recommençait, la gorge si serrée que tu n’arrivais pas à parler. Elle ne disait rien, le verre à la main. Comme d’habitude.
“Tu devrais pas être là.” Paroles étouffées, tu n’arrivais pas à parler, tu n’arrivais pas à te faire entendre, ça c’était comme éteint à peine les mots échappés de tes lèvres.
Tout ça Calista, c’était dans ta tête. Et pourtant. Ça semblait si réel.