les racailles du bac à sable ▬ ft Alec

En avant, en arrière, en avant, en arrière, en-. Des bruits de grincements retentissaient dans le parc. C’était la fin de la journée, les cours étaient terminés. Installé sur son fidèle destrier en plastique, Caliban se laissait balancer par le poids de son corps, alors qu’il fixait le ciel, ses yeux cachés par ses vieilles lunettes de soleil un peu sales.

Trainer dans le parc comme ça par lui-même, ça n’avait rien de surprenant venant de lui. Mais planté sur ce jeu d’enfant comme il était actuellement, c’était qu’il attendait quelqu’un. Il avait beau être quelqu’un de plutôt solitaire, et de ne pas apprécier les gens en général, il y avait toujours des exceptions. Au fond, même lui appréciait la compagnie de certaines personnes. Et cette personne qu’il attendait, c’était une des rares dont il pouvait utiliser le prénom et le mot ami dans la même phrase. Et dire que la première fois qu’ils s’étaient croisés, c’était lors d’une bagarre, quand ils étaient plus jeunes. Fallait dire que le petit en face avait vraiment été tenace, et il ne voulait pas le lâcher ce jouet…

Quand il entendit des bruits de pas sur le sable autour de l’aire de jeu, il tourna la tête en direction du nouvel arrivant, histoire de voir si c’était quelqu’un d’intéressant ou juste un simple gosse ayant échappé à la surveillance de sa mère pour retourner jouer quelques minutes de plus. Mais ouais, c’était bien lui : Alec. À sa vue, la face auparavant neutre de Caliban s’éclaircit légèrement, et un faible sourire se glissa même sur ses lèvres.

- Hey.

Immédiatement après ce bref salut, sa main droite se glissa dans la poche de son pull à capuche, et en sortit un p’tit paquet qu’il lança en direction du nouveau venu. Son ami faisait du basket en club, il devait bien avoir les réflexes suffisants pour par se manger le bout de carton volant non identifié en pleine poire, non ?

Une fois le paquet de réceptionné, Caliban se pencha en arrière sur son destrier de plastique – qui grinça douloureusement d’avoir tout à coup tout le poids d’un ado sur un même côté – et croisa ses bras derrière sa tête, soupirant.

- J’avais pas assez pour de véritables cette semaine encore, donc la vendeuse m’a proposé ça, et je l’ai pris car j’avais la dalle. Si tu veux, tu peux en prendre une.

Ouais, les « véritables » qu’il était trop pauvre pour acheter, c’était des clopes. Donc à la place, ce qu’il avait balancé en direction d’Alec, c’était un bon vieux paquet de clopes en chocolat. La classe. Vous me diriez, il aurait pu juste repartir bredouille et économiser ainsi deux trois pièces de plus pour un prochain paquet contenu du vrai la prochaine fois, mais têtu comme il était, il avait juste regardé la vendeuse, prit son butin chocolaté et tracé sa route (après avoir payé bien sur). Dur dur d’être un ado de dix-sept ans qui vit chez son papi de nos jours…